L'effondrement du bloc soviétique et l'intégration des pays de l'Est ont profondément modifié la configuration religieuse et politique de l'Europe. Un aspect souvent négligé dans ces mutations est l'utilisation par la Russie du MMA (arts martiaux mixtes) comme levier géopolitique et religieux, notamment à travers des athlètes musulmans. Ces sportifs incarnent la volonté russe de rallier les populations musulmanes, en particulier dans les Balkans et les anciennes républiques soviétiques, en cultivant une image de tolérance religieuse.
L'influence de la Russie en Europe passe par une stratégie de soft power qui s'appuie sur des symboles populaires. Les athlètes musulmans russes, issus du Caucase, sont mis en avant pour soutenir une vision islamo-compatible de la politique russe. Dans un contexte de tensions géopolitiques accrues avec l'Occident, ces figures sportives servent à renforcer les liens avec les populations musulmanes tout en contrastant avec l'approche laïque et parfois perçue comme hostile de l'Occident envers l'islam.
L'Europe, de son côté, traverse une période de transformations religieuses significatives en raison des migrations. Les flux migratoires ont redéfini les contours religieux du continent, avec un accroissement de la population musulmane, principalement en provenance du Moyen-Orient et de l'Asie. Cette évolution a exacerbé les débats sur la place de l'islam et les politiques migratoires, alors que certains pays cherchent à intégrer ces communautés, tandis que d'autres adoptent des politiques d'exclusion. La Russie, à travers son approche du soft power religieux, se positionne comme une alternative à l'approche occidentale, en offrant un modèle d'intégration plus en phase avec les pratiques religieuses et culturelles des populations musulmanes.
Les athlètes russes, soutenus par le Kremlin, ne sont pas seulement des figures sportives ; ils représentent également un outil stratégique pour la politique intérieure et extérieure de la Russie. Ces combattants jouent un rôle dans la stabilisation de régions clés, comme le Daghestan et la Tchétchénie, tout en promouvant un islam compatible avec les intérêts de Moscou. Ce soutien aux athlètes musulmans ne se limite pas au domaine sportif : il est aussi politique et symbolique, renforçant le contrôle de Moscou sur des populations traditionnellement religieuses tout en cultivant une image de bienveillance envers l'islam.
En parallèle, cette stratégie de soft power s'articule avec une approche de hard power, notamment à travers l'engagement de combattants musulmans russes dans des conflits militaires, comme en Ukraine. Les athlètes et soldats, souvent issus de républiques musulmanes russes, incarnent une double fonction : à la fois porte-drapeaux religieux et instruments de coercition militaire. Cette convergence entre soft power et hard power est emblématique de la manière dont la Russie réunit politique, religion et géopolitique pour redéfinir son influence en Europe.
Ainsi, la Russie transforme non seulement ses relations avec les populations musulmanes européennes, mais elle influence également la dynamique interne des pays européens, où la question de l'islam et de l'intégration religieuse est plus que jamais au cœur des débats. L'analyse de cette transformation révèle les tensions entre pluralisme religieux et contrôle étatique, tout en soulignant les enjeux de pouvoir dans le contexte européen actuel.