une élite catholique mobilisée ? Militants pro-life et soins palliatifs
Florence Ollivier  1, 2@  
1 : ehess
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
54 bd Raspail, 75006 Paris -  France
2 : Laboratoire d'anthropologie politique – Approches interdisciplinaires et critiques des mondes contemporains
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Centre National de la Recherche Scientifique

Cette proposition de communication s'inscrit dans le premier axe : « Transformations en Europe, transformations de l'Europe ; tendances et facteurs de changement dans les affiliations, les visions du monde et les croyances : acteurs, normes, valeurs (au cours du dernier demi-siècle) ».

Après une thèse de sociologie sur les professionnels des soins palliatifs en France, je m'intéresse aux acteurs pro-life mobilisés sur la question de la fin de vie et du handicap en Europe. Si l'on se penche sur la littérature de la sociologie des pro-life, les travaux portent essentiellement sur le mariage homosexuel et la lutte contre l'avortement (Oueslaci, 2011 ; Théry, 2013). Mais ni cette sociologie, ni la sociologie des soins palliatifs n'interrogent cet objet par les socialisations des acteurs d'une nébuleuse conservatrice « pro-life » et notamment l'importance de l'argument de la vie parmi les bénévoles, militants, intellectuels, parfois de « gauche », socialisé.e.s à la religion catholique. Le mouvement pro-life a changé aussi de visage (Crosetti, 2023), il se renouvelle et se diversifie (Crosetti, ibid). Les nouvelles générations s'approprient un discours pro-life avec une coloration féministe (Crosetti, ibid, Della Sudda,2022).

De nombreux travaux assurent que les catholiques ont changé ou encore sont décrits en tensions (Béraud, al. 2012). Par une perspective socio-historique et comparative entre différentes générations et espaces locaux, nous envisagerons de mettre à jour les visions du monde, les croyances d'une élite conservatrice sur cette question des fins de vie et de « la mort naturelle ». Si l'objet « fin de vie » m'a accompagnée de longues années, je renouvellerai mon approche par une nouvelle enquête ethnographique auprès de bénévoles de soins palliatifs et de militants pro-life. Ce faisant, c'est à la périphérie des unités de soins palliatifs qui ont été très étudiés par les sociologues (Castra, 2003 ; Grunewald, 2023 ; Launay, 2018, Ollivier, 2021 ; Schepens, 2016), que je concentrerai mes efforts pour tracer les formes de militantisme, le rapport à la religion et les socialisations de ces acteurs bénévoles et militants ‘pro-life'.

Dans la mesure où les pro-life ont parties liée avec une imbrication de l'économie morale catholique et de l'Etat (Fassin), il est utile de creuser les socialisations des acteurs militants et « bénévoles » rencontrés en association, au travail et dans les manifestations. L'actualité de la question de la fin de vie devrait reprendre en ce début d'année 2025. L'Assemblée nationale devrait reprendre la discussion du projet de loi sur la fin de vie et l'aide à mourir à partir du 27 janvier 2025. Cette discussion avait été interrompue à la suite à la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin 2024. Cette discussion parlementaire devrait soutenir les mobilisations pro-life.

En conclusion, cette recherche vise à éclairer les visions du monde des acteurs pro-life en France, en mettant en lumière les socialisations religieuses et capital militant qui sous-tendent leur engagement.

 


Chargement... Chargement...